Sommaire
Jour 4 : Au Sommet de la Norvège : Galdhøpiggen
Jour 5 : Scenic Road 55 et Borgund, doutes et hésitations
Jour 6 : Entre hypertourisme et bout du monde : Bateau dans le Nærøyfjord
Jour 7 : Vive les mariés
Jour 8 : Une histoire de marins : Hardanger Maritime Centre
Jour 9 : Bergen
Jour 10 : Home sweet Home
Réveil au son du diesel
Ce sont les bus qui montent qui nous réveillent. Mais qu’est-ce qui peut bien les envoyer sur une si petite route ?
Morning routine à base de petit déj et de guide du routard et nous prenons la route.
Mazette, quelle route !
C’est une route privée, à péage, en travaux, toute petite, accrochée au vide, à la merci des vents mordants. Pourquoi diable faire des travaux pendant la saison touristique !!
Mais où vont tous ces bus et voitures ? Vers le sommet du monde nordique, le point culminant de la Norvège, le mont blanc des Vikings : le Galdhøpiggen.
Les Norvégiens sont un peuple de sportifs. Outdoor, est leur deuxième prénom. Ils sont en T-shirt par 5°C, danser sous la pluie est leur devise. Alors gravir leur mont blanc à eux est un peu une épreuve incontournable, une sorte de rite initiatique.
Le parking est à 1 800 m, le sommet est à 2 400 m, ce n’est pas très difficile, mais pour y aller, il faut s’encorder sur un glacier avec un guide certifié. Alors évidemment, à cette époque de l’année, c’est bondé, l’endroit est rempli de gens très en forme et très excités de partir en file indienne.
On voit ici les deux faces d’une même pièce touristique d’aventure : accomplir un de ses rêves et le pervertir un peu en ayant tous le même.
Une vie Gelée
Mais nous sommes là pour un autre parcours : aller sous un glacier. Direction le Klimapark 2469.
Il s’agit d’une visite guidée dans cette vallée glaciaire un peu extrême. Les guides fort sympathiques nous parleront du climat, de la faune et de la flore dans ce milieu inhospitalier.
Vous connaissez le permafrost ? Jusqu’à ce moment, je n’en avais que brève idée. C’est d’abord une façon de parler d’un sol qui gèle en profondeur toute l’année. L’été, quand le climat est plus “clément” (il doit faire 5°C la haut en plein été), la partie supérieure dégèle, ou plutôt, passe dans un état instable entre solide, liquide et gazeux. Gazeux parce que les bactéries dans cette partie du sol revivent et génèrent du gaz, souvent du méthane.
Nous faisons donc l’expérience d’un sol dur au début, qui se ramollit sous le passage répété de nos pas.
Nous faisons donc l’expérience d’un sol dur au début, qui se ramollit sous le passage répété de nos pas.
Et nous comprenons alors pourquoi la route est en perpétuel remaniement. Elle repose sur un sol mouvant du fait du passage des voitures et bus. Le mythe de Sisyphe n’est plus très loin.
Le guide nous parle un peu plus de cette vallée hors du temps, et nous arrivons au clou de notre promenade.
Le guide nous parle un peu plus de cette vallée hors du temps, et nous arrivons au clou de notre promenade.
Je pensais me rendre sous un glacier, au plafond voûté par l’eau qui fond, avec une rivière en dessous. Que nenni ! Il s’agit en fait d’une galerie creusée par la main de l’homme dans un Névé.
Cela n’a rien de naturel, mais c’est tout aussi envoûtant. Les photos parlent d’elles-mêmes, nous voici au monde des trolls de glace.
Évidemment je m’attarde. Mon trépied prend toute la place, mon appareil n’aime pas le froid, mais j'insiste tellement cet endroit est unique. Les smartphones ne peuvent pas filmer dans cette obscurité.
Dans mon cours photo, je dis à tue-tête que l’appareil n’a pas d’importance, que tout est question de point de vue, de couleurs, de contrastes. Sauf dans quelques cas extrêmes comme celles-ci. Voilà pourquoi les photos sont rares et cet endroit peu connu.
Enjoy !
Je ressors le dernier de cette balade hors du temps…frigorifié !
Ô, un glacier
Et comme d’habitude, les autres sont partis devant, je cherche alors mon chemin. Un peu devant, un peu à droite, hô un petit chemin de pierres ! ça doit être beau derrière ce col, c’est pas si loin, et de toute façon, perdu pour perdu, autant en profiter, je retrouverai les autres chez Thorgal, on n’est pas pressé.
Évidemment, la petite famille a pris le même chemin, et nous nous retrouvons après la moraine au pied d’un lac et son fabuleux glacier. Les chiens ne font pas des chats.
Le moment de contemplation s’allonge, la lumière change à chaque seconde, cette eau turquoise envoûte, les plis du glacier imposent leur âge, la surface brillante de la glace indique qu’elle fond… ça ne sent pas très bon tout ça…
Partout dans le monde cet été il fait terriblement chaud. Dans notre pays tempéré, ce n’était pas si horrible (quoique). Hormis les dramatiques incendies, cet été a été un … été.
Il existe une règle physique qui dit que le réchauffement climatique est plus rapide aux extrêmes, le froid chauffe plus vite que le chaud.
Il existe une règle physique qui dit que le réchauffement climatique est plus rapide aux extrêmes, le froid chauffe plus vite que le chaud.
Au cas où vous en doutiez encore, en voici la preuve. C’est beau, mais ça sent la fin.
Métal Hurlant
La journée est dense, mais nous n’en sommes qu’à la moitié. Je suis toujours aussi surpris de ce qu’on peut faire en une journée, même avec 10 heures de sommeil.
Hier nous sommes montés, aujourd’hui il faut redescendre, c’est parti pour 1 800 m de dénivelé négatif. Malgré toutes mes précautions, les freins de Thorgal ont fumé, j’ai même perdu un enjoliveur, il a dû fondre en route.
Nous retrouvons les arbres, puis les vraies routes, et prenons la direction de la mythique “Scenic Road 55”. C’est un coup de cœur du routard, nous sommes très rarement déçus par les recommandations de ce guide.
Ô temps suspens ton vol
Le défilé magique commence à Krossbu. Autant vous dire que nous sommes aux anges. La route s’insinue dans une vallée d’altitude, aux milles lacs, bordés par des glaciers qui dégueulent dans les pentes poncées par le temps. A 360° vous pouvez contempler quelque chose, avec la sécurité des infrastructures norvégiennes.
Nous ferons 30 km en une après-midi, pour finalement stopper au bord d’un chemin avec une vue splendide sur un grand lac, au pied du glacier Fannaråki. C’est décidé, plus loin attendra, nous passerons la fin de journée et la nuit ici.
Chacun prend ses aises, il fait étonnamment beau, je pars en quête d’une photo. L’heure dorée arrive, les glaciers jaunissent, les nuages rosissent. Les aventuriers en vans se glissent dans le décor, je vois même un danois partir faire de la planche à voile… au pied d’un glacier, en voilà une idée incongrue (et donc géniale).
Chez nous, les repas sont primordiaux, l’heure c’est l’heure, pas question de rater ce moment en famille. Donc souvent, à l’heure où la lumière séduit le photographe, il faut préparer le dîner. C’est ce soir-là que je comprends l’intérêt d’un van ou d’un camping-car. Tu dînes tout confort au balcon du monde. Espèce de flemmard !
La soirée s’allonge, le froid mord définitivement mon gras, il faudrait voir à ne pas tomber malade pour le mariage qui s’approche.
Le prestesteinnsvatnet tombe dans l'obscurité sans lune, il gèle au 20 aout…